c'est l'histoire d'elise qui s'en va faire un stage de 3 mois en Uruguay. Impressions d'une europeenne...

jeudi, mai 25, 2006

San Gregorio, l'urbain rural


Fin de week-end, avant de rentrer a Montevideo, nous faisons une escale a San Gregorio de Polanco, petite ville de moins de 3000 habitants, au centre de l’Uruguay sur les berges du Rio Negro, perdue au milieu des grandes prairies dediees a l’elevage. Il s’agit d’une ville typique de l’interieur du pays, fortement reliee au milieu rural. Evidemment, etant donne l’echelle reduite, tout le monde se connait, mais pour autant, l’etranger n’est pas considere avec mefiance. Sur notre passage, presque toutes les personnes que nous croisons se fendent d’un "Hola". Comme dans la plupart des villes uruguayennes, le plan de la ville suit la loi des Indes et organise les rues en cuadras strictes.Les deux rues principales sont goudronnees, mais tres vite en s’eloignant du centre, le revetement disparait, les rues s’apparentent alors plus a des chemins de terre, et les maisons "s’apauvrissent" egalement. A deux rues du centre, la campagne commence deja, et on retrouve vaches et chevaux qui paissent. La pauvrete se fait ressentir, mais se promener dans les rues "peripheriques" reste agreable. Tout est calme et tranquille, les gens manquent de moyens, mais aucune aigreur apparente ne se fait sentir. San Gregorio semble donner raison a Aznavour, "il me semble que la misere serait moins penible au soleil".


San Gregorio possede cependant une particularite qui la differencie des autres villes de l’Interieur, son Museo Abierto de Artes Visuales. En effet, depuis 1993, une cinquantaine de murs sont peints, oeuvre d’artistes locaux principalement, mais quelques artistes nationaux, voire internationaux (mais toujours d’Amerique Latine) ont egalement laisse leur empreinte.
Esthetiquement parlant, beaucoup ne sont pas d’un tres grand interet et ne revolutionnent pas le monde de l’Art, d’autant plus que beaucoup ont souffert du temps et certains sont presque totalement effaces, mais l’ensemble donne un certain cachet a la ville, comme ce portrait geant de Carlos Gardel par exemple.

El campo uruguayo

Un autre week-end hors du monde urbain, mais cette fois, direction l’interieur du pays, l’Uruguay profond et rural. Deux jours dans une estancia, plusieurs centaines d’hectares de pampa dedies a l’elevage. Cecilia nous accueille, c’est la maison familiale, mais son pere est mort il y a quelques annees, la terre a ete divisee entre les differents freres et soeurs et elle a heritee de la maison en contrepartie d’un peu moins de superficie que les autres. Elle vit entre la et Montevideo, seule avec Severo, gaucho de son etat, et Mabelle, l’employee de maison, et accueille chaleureusement les touristes qui souhaitent connaitre sa campagne. A part nous, il y a un vieux chasseur espagnol qui nous ramenera perdrix et lievres que Mabelle nous cuisinera.


L’image marquante du week-end se rapproche du cliche : des terres a perte de vue, l’horizon a 360 degres, perturbé seulement ponctuellement par quelques arbres regroupes. Je suis en compagnie de trois gauchos, les fameux cow-boys d’Amerique du Sud, qui se deplacent encore a cheval dans ces grandes etendues d’elevage extensif. Il faut aller rassembler les moutons avant la nuit, on se presse un peu car il se fait deja tard....et en effet, une fois les moutons parques dans leur enclos, le soleil se couche alors que nous repartons vers l’estancia. Il ne manquait que la musique pour se croire dans un film...Ainsi, l’Uruguay a su garder ses traditions anciennes, et l’interieur du pays semble preserve de toute modernite, au milieu de rien, on se nourrit, on s’habille, on vit de ce qu’on produit, car la ville est loin et les chemins qui y menent sont bien cahoteux.


Seul un petit village se trouve dans les alentours de notre estancia, mais peut-on appeler ca un village? Une ancienne station de train, appelee Francia (!!!), une ecole ou moins d’une dizaine d’enfants viennent a cheval et un bar tout droit sorti des annees 50, ferme depuis que les gauchos ont des motos et peuvent se permettre de pousser jusqu’au village suivant. Depuis, vaches et moutons semblent etre les principaux occupants de Francia...

jeudi, mai 18, 2006

Journee de stage a Fray Bentos


Fray Bentos se trouve a un peu plus de 300 km au Nord-Ouest de Montevideo, sur la rive du Rio Uruguay, premier pont "physique" entre l’Argentine et l’Uruguay. Il faut entre 3 et 4h de voiture pour s’y rendre, donc depart le matin a 6h30. Un peu rude.
Arrives sur place, nous commencons une petite reunion tous ensemble (nous sommes sept de la DINOT) avec les gens de l’Intendance de Rio Negro avant de se partager les taches. Etonnament, il n’est pas une fois question de l’enorme conflit genere par les futures usines de cellulose qui font s’implanter dans la ville (une finlandaise, puis une espagnole). Il s’agit pourtant du sujet d’actualite du moment dans toute sa splendeur. Le pont est regulierement bloque. Les ecologistes s’insurgent. Le president Uruguayen, Tabaré Vasquez, taxe les Argentins de jaloux, assure que les usines ne pollueront pas, que l’argent coulera a flot. Et refuse de negocier. Le president argentin, Kirchner, de son cote, exige une interruption du chantier pour pousser plus loin les etudes d’impact des usines sur l’environnement, et notamment sur le fleuve separant les deux pays. Le Mercosur traverse une mauvaise passe.
Mais bon, pas question de cela aujourd’hui... L’implantation des usines est consideree comme un fait, et le plan strategique de la microregion qu’est en train d’elaborer la DINOT devra compter avec.



Je fais le tour la ville avec deux sociologues qui ne sont encore jamais venues, notre guide est l’assistante sociale de l’intendance. Par consequent, notre visite s’avere plus "sociale" que touristique. Longues explications detaillees sur les differents logements sociaux construits par la municipalite, quadrillage methodique des nouveaux quartiers et du camping de las Cañas, ou nombreuses sont les installations de l’Intendance. Par contre, le centre-ville ne sera qu’une zone de transit entre deux arrets, et on ne fera que passer furtivement avec arret express dans le barrio Anglo, le quartier des anciens frigorifiques ou l’on transformait les vaches en boites de conserve avant de les exporter. Ce quartier date du XIXe siecle, et faisait vivre toute la ville jusqu’au declin et a la fermeture de l’usine dans les annes 70. La ville connait alors une crise, comme la plupart des autes villes d’Uruguay a la meme epoque. Aujourd’hui, il reste un patrimoine industriel assez impressionnant et fortement symbolique, qu’il aurait ete agreable de decouvrir en plus de 5 minutes....

dimanche, mai 14, 2006

Candombe et milonga

Cette semaine fut celle des essais, mardi candombe et jeudi milonga, deux aspects importants de la culture uruguayenne.

Le candombe, originellement, désigne un rythme arrivé d’Afrique avec les esclaves noirs qui débarquaient dans le port de Montevideo avant d’être envoyés le plus souvent au Brésil. Son esprit musical résume les douleurs des esclaves malheureux, qui ont été transplantés à la hâte en Amérique du Sud pour être vendu et être soumis au travail brutal. C'étaient des âmes faites pour souffrir, hébergeant une nostalgie inconsolable pour leur patrie. Le rythme candombe est créé par l'utilisation de trois tambores (tambours) : le tambor piano, le tambor chico et le tambor repique.


Aujourd’hui, cette tradition persiste, et le dimanche, dans les rues de Montevideo et notamment dans le Barrio Sur, le quartier noir de la ville, on peut entendre les llamadas, les « appels », résonner. Les tambores se réunissent et défilent dans les rues, entourés de tous ceux répondent à ces appels et viennent danser autour des musiciens. À intervalles, la cuerda fera une pause, et en allumant un feu, réchauffera les peaux des tambours pour obtenir le bon accord.
Malheureusement, le cours que nous avons pris n’avait pas la chaleur de ces manifestations dominicales, et je pense qu’il n’y en aura donc pas d’autre.

Alors, nous sommes allées tenter un autre aspect de la culture uruguayenne, la milonga, qui est normalement le lieu où l’on va danser, mais également le nom d’une forme de tango au rythme plus rapide. C’était déjà plus convaincant, le cours est peuplés de gens assez mûrs, et plein de patience envers deux jeunes françaises avec deux pieds gauches chacune…
Mais on nous a tout de même conseillé de commencer par le tango « classique », car c’est apparemment plus facile d’apprendre à accélérer le rythme qu’à décélérer, et donc de passer du tango à la milonga. La semaine prochaine donc, tango .

jeudi, mai 04, 2006

La Ciudad Vieja, grandeur et décadence


La vieille ville, la Ciudad Vieja , correspond à l’emplacement de l’ancienne ville coloniale dont elle porte encore de nombreuses traces. Un grand nombre d’édifices du XIXe siècle rappelle cette glorieuse époque, et on ne trouve que très peu de bâtiments modernes ayant réussi à infiltrer ce quartier qui a réussi à conserver une ambiance, une odeur particulières. Le style est peut-être résolument européen, avec des influences espagnoles, françaises, anglaises, mais l’air est différent ici, quelque chose d’imperceptible donne son cachet unique à ce quartier. Pas de doute, on est à Montevideo et nulle part ailleurs. Dans chaque rue, on voit le Rio qui encercle la péninsule au Nord, à l’Ouest et au Sud, et si jamais on ne regarde pas, on peut tout de même le sentir .


Cependant, si on est transporté dans un autre temps, ce n’est pas celui du riche port colonial. La crise économique a eu raison du vernis des bâtiments qui tombent plus ou moins en ruine. La Ciudad Vieja est aujourd’hui un quartier populaire, les classes aisées se sont déplacées vers les banlieues résidentielles au tissu plus lâche, comme Carrasco.
Depuis quelques années cependant, l’Intendance de Montevideo essaie de réhabiliter ce patrimoine dont elle comprend la valeur, symbolique comme touristique, mais cela prend du temps, d’autant que le pays a du mal à se remettre de la crise qui s’est révélée dévastatrice.
Aujourd’hui, la Ciudad Vieja présente un curieux mélange de bâtiments rénovés où s’installent commerces branchés et cafés, et de bâtiments dont on devine l’intérêt architectural, mais qui menacent de s’écrouler et qui sont soit abandonnés, soit habités par des familles sans moyens. Ce mélange révèle cependant une certaine richesse, c’est quelque part ce qu’on pourrait appeler de la mixité sociale, même si, à terme, la population défavorisée risque d’être balayée…

mardi, mai 02, 2006

Le 1er mai, les travailleurs sont dans la rue



"El país productivo y las necesidades de los uruguayos no pueden esperar más, y si alguien tiene que esperar, que esperen el FMI y los organismos internacionales" proclament les banderolles.

Ici, le 1er mai est également le jour de revendications des travailleurs. Chaque année, une grande manifestation prend place à Montevideo où fleurissent banderoles des différents syndicats et drapeaux communistes. Ils envahissent toute l'avenida del Libertador, celle qui mène au Palais Législatif. Une grande tribune est installée, au bout, et les discours contestataires se suivent, ainsi que les différents hymnes que tout le monde reprend en coeur. L'ambiance est calme, bon enfant, mais décidée. Les gens sont réellements en train de se battre pour leurs droits, et même s'ils reconnaissent que le récent virage du pays à gauche a permis à ce pays traditionnellement libéraliste de grandes avancées sociales, il reste beaucoup de chemin à faire, et certains conflits ne sont pas résolus.

Dans Montevideo, tout est fermé, il n'y a ni bus, ni taxi. La ville est complétement morte, les rues sont désertes, trouver des cigarettes ou boire un café aujourd'hui relève presque de l'utopie.
Et puis, en se rapprochant de l'avenida del Libertador, on commence à entendre la rumeur, mais c'est seulement une fois sur place que l'on comprend où s'est rassemblée la population, tous âges confondus.

le 29, jour des gnocchis



Traditionnellement, en Uruguay et en Argentine, le 29 de chaque mois on mange des gnocchis.
Cette habitude vient des ouvriers italiens qui n'avaient plus d'argent à la fin du mois et qui faisaient des gnocchis, plat bon marché par excellence. La petite histoire dit qu'il faut mettre de l'argent sous son assiette pour être plus chanceux le mois suivant...
J'ai suivi le conseil, et j'attends de voir ce que mai me réserve. Espero la suerte.

lundi, mai 01, 2006

Cabo Polonio en images

Encore une fois, mes photos arrivent apres le texte... heureusement, je recupere un appareil-photo dans deux semaines. Comme je l'ai donc déjà écrit, Cabo Polonio ressemble à un bout de caillou dans l'océan, loin du monde "moderne" et citadin ; des petites bicoques dans les dunes construites avec les moyens du bord, et les vaches qui paissent librement...